Table ronde
Le « village noir » de 1925 et l’imaginaire colonial dans les archives photographiques du Comptoir suisse
Intervenant·e·s : Avec Rafaella Simonetti (UNIL), Estelle Sohier (UNIGE), Patrick Minder (UNIFR)
Modératrices : Claire-Lise Debluë & Anne-Katrin Weber (UNIL)
Horaire : 18h00
Lieu : sur le site d’exposition, Place de l’Europe, Lausanne
En 1925, à l’occasion de la Foire coloniale organisée par la direction du Comptoir suisse, un « village noir » est installé sur l’esplanade de Beaulieu : 70 personnes originaires du Sénégal et de Guinée, arrivées à Lausanne par l’intermédiaire d’un entrepreneur spécialisé dans ce type de « spectacles », y résident durant un mois. Elles y sont offertes aux regards et aux observations des visiteuses et visiteurs du Comptoir. Héritage sinistre de la pratique des zoos humains, qui remonte au début du 19ème siècle, le « village noir » du Comptoir suisse est aussi l’expression des velléités d’expansion commerciale d’un pays qui ne possède pas de colonies.
Si les images et imaginaires des distinctions raciales accompagnent les débuts du Comptoir suisse, de telles représentations persistent après la Deuxième guerre. Les invitations adressées à des pays (anciennement) colonisés permettent de rejouer l’iconographie de l’exotisme et de l’érotisme associés aux corps racisés. De nombreuses images circulant dans la presse, puis à la télévision, co-construisent les représentations de l’« Autre » que l’on vient découvrir à Beaulieu.
La table ronde réunit trois chercheuses et chercheur qui décortiqueront ensemble les images et imaginaires coloniaux véhiculés par le Comptoir suisse. A partir d’un travail sur le patrimoine photographique de la manifestation, il·elles reviendront sur les représentations des hiérarchies coloniales du « village noir », de 1925 aux années 1970, et réfléchiront aux expressions contemporaines de la construction d’une altérité racisée.